Aller au contenu

Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son cavalier qui, pour que ce fût tout à fait bien, devait être un membre de sa famille. Maintenant elle s’exerce à faire des huit dans un coin, jusqu’au moment où un jeune homme vient à elle pour la seconder. Elle joue au tennis, et j’en ai même aperçu qui conduisaient un dog-cart.

Son éducation a toujours été des plus soignées. À dix-huit ans elle parle deux ou trois langues et a déjà oublié plus de choses qu’une Anglaise moyenne n’en lit de toute sa vie. Jusqu’à présent cette éducation ne lui a été d’aucune utilité. Une fois mariée, elle se retirait dans sa cuisine, où elle se hâtait de vider son cerveau pour y mettre de piètres principes culinaires. Mais supposons qu’elle comprenne soudain qu’une femme n’est pas tenue absolument de sacrifier toute son existence à peiner dans son ménage, pas plus qu’un homme n’a besoin de se considérer comme une machine à travailler. Supposons qu’elle se mette en tête de prendre une part active à la vie sociale et nationale. Alors l’influence d’une telle compagne, saine de corps et par conséquent vigoureuse d’esprit, ne manquera pas d’être à la fois puissante et durable.

Car il faut bien se dire que l’Allemand est exceptionnellement sentimental et très facilement influencé par le sexe. On dit de lui qu’il est le meilleur des amants et le plus mauvais des maris. C’est d’ailleurs la faute de sa femme. Sitôt mariée, la femme allemande fait plus qu’abdiquer le romanesque ; elle saisit un balai pour le chasser de