Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/309

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c’est qu’ils ont quelques défauts. Eux-mêmes ne les voient pas ; ils se considèrent comme parfaits, ce qui est stupide de leur part. Ils vont même jusqu’à se croire supérieurs aux Anglo-Saxons. Non, mais… Quelle prétention !

— Ils ont leurs bons côtés, observa George, mais leur tabac est une honte pour la nation. Je vais me coucher.

Nous nous levâmes et, nous accoudant sur le parapet, suivîmes quelque temps du regard les dernières lueurs dansantes, sur la rivière assombrie.

— Ce fut dans l’ensemble une « balade » pleine d’agrément. Je serai content d’être de retour et cependant je regrette d’en voir la fin, me comprenez-vous ?

— Qu’entendez-vous par « balade » ? dit George.

— Une « balade », expliquai-je, est un voyage long ou court… mais sans but ni programme ; l’obligation de revenir au point de départ dans un délai fixé en est le seul régulateur. Parfois l’on traverse des rues populeuses, parfois des champs ou des prairies ; parfois on disparaît pendant quelques heures, parfois pendant plusieurs jours, — sans manquer à personne. Mais que le voyage soit long ou court, qu’il nous mène là ou ailleurs, nos pensées restent attentives à la chute du sable fin dans le sablier éternel du Temps. Nous saluons au passage ceux que nous croisons et leur sourions ; il nous arrive de nous arrêter un instant pour