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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/58

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voir l’accompagner. J’en avais plein le dos de regarder cet idiot démonter ma bicyclette.

La raison ne cessait pas de me chuchoter : « Arrête-le avant qu’il ne cause encore d’autres dégâts. Tu as le droit de protéger ton bien contre les méfaits d’un fou. Prends-le par la peau du cou et jette-le à la porte avec un coup de pied quelque part. »

Mais comme je suis faible quand il s’agit de blesser l’amour-propre des gens, je le laissai continuer à tripoter.

Il abandonna la recherche des vis. Il dit que parfois les vis réapparaissent comme par enchantement quand on les attend le moins, et que nous allions maintenant nous occuper de la chaîne. Il la serra jusqu’à ce qu’elle ne remuât plus ; puis il la desserra jusqu’à ce qu’elle fût deux fois plus lâche qu’elle ne l’avait été. Puis il proposa de remettre la roue d’avant à sa place.

J’écartai la fourche et il s’escrima après la roue. Au bout de dix minutes, je lui fis tenir la fourche, tandis que j’essayais à mon tour de replacer la roue ; nous changeâmes donc de place. Une minute après, il lâcha la machine et fit une courte promenade autour du croquet en serrant ses mains entre ses cuisses. Il expliquait en marchant qu’on devrait éviter de se laisser pincer les doigts entre la fourche et les rayons d’une roue. Je répliquai que j’étais convaincu par ma propre expérience qu’il disait vrai. Il s’enveloppa de quelques tor-