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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/63

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leure distraction. Il ne dépend ni du temps, ni du vent ; l’état des routes le laisse froid. Donnez-lui un tournevis, un paquet de chiffons, une burette d’huile et de quoi s’asseoir, et le voilà heureux pour la journée. Il y a bien quelques petits inconvénients ; le bonheur complet n’est pas de ce monde. Il a vite l’air d’un chaudronnier, et on pensera toujours en voyant sa machine que, l’ayant volée, il a voulu la maquiller : cela ne tire du reste pas à conséquence, vu qu’elle ne dépassera jamais la première borne kilométrique. On commet parfois l’erreur de croire que l’on peut tirer d’une seule bicyclette ces deux genres de distractions. C’est impossible ; aucune machine ne supportera cette double fatigue. Il faut que l’on choisisse : être un réparateur ou être un cycliste au sens habituel du mot. Moi, personnellement, je préfère monter ma machine ; et voilà pourquoi j’évite tout ce qui pourrait m’inciter à la réparer moi-même. S’il lui arrive quoi que ce soit, je la pousse jusque chez le réparateur le plus proche. Si je me trouve trop loin d’une ville ou d’un village, je m’assieds sur le bord de la route et j’attends le passage d’une voiture. Le plus grand danger, selon moi, est le réparateur ambulant. La vue d’une bicyclette en panne est pour lui ce qu’un cadavre abandonné est pour un corbeau : il fonce dessus avec un cri sauvage et triomphant. Au début je restais poli, disant par exemple :

— Ce n’est rien ; ne vous en inquiétez pas. Pour-