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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/62

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l’amenai au réparateur le plus proche. Le contremaître s’avança et la regarda.

— Que voulez-vous que j’en fasse ? me demanda-t-il.

— Je voudrais que vous me la remissiez en état, autant que possible.

— Elle est fortement atteinte, remarqua-t-il. N’importe, je ferai de mon mieux.

Il fit de son mieux, ce qui me coûta deux livres dix. Mais la machine ne fut jamais plus la même, et je la mis entre les mains d’un revendeur à la fin de la saison. Je ne voulais pas faire de dupes ; je donnai des instructions pour que l’annonce la signalât comme une machine de l’année précédente. L’agent me déconseilla de parler de date.

— La question, dans nos affaires, n’est pas de savoir ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. L’intéressant, c’est de voir ce que vous pouvez arriver à faire croire aux gens. Entre nous soit dit, votre machine n’a pas l’air d’être de l’année dernière : sur son aspect on lui donnerait bien dix ans. Ne mentionnons pas de date. Tâchons d’en tirer ce que nous pourrons.

Je lui laissai l’affaire en mains, et il en obtint cinq livres, plus qu’il n’avait espéré.

On peut tirer deux genres de jouissance d’une bicyclette : on peut la démonter pour l’examiner, ou on peut s’en servir pour faire des promenades. Tout compte fait, je n’oserais affirmer que ce n’est pas celui qui s’amuse à vérifier qui trouve la meil-