Aller au contenu

Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout à coup retentit le tonnerre, et la rage
De l’ouragan me vient rappeler cet orage
Dont Charlemagne, au bruit du tonnerre roulant,
Disait: C’est le grand deuil pour la mort de Roland!
5.À tous ces souvenirs la force m’abandonne,
Et j’embrasse la terre en m’écriant: Pardonne!
Avant la mort, grande ombre, accorde-moi la paix,
Suis-je donc condamné pour jamais? — Pour jamais!
Répondit une voix. Je relevai la tête,
10.Et je crus voir, je vis, sous l’horrible tempête,
Parmi les rocs fumants qui m’entouraient partout,
Un homme, un chevalier, immobile et debout.
Un blanc linceul couvrait jusqu’aux pieds le fantôme,
Mais laissait deviner la cuirasse et le heaume;
15.Et la voix même avait cet accent souverain
Et rude qu’elle prend dans le casque d’airain.
— Eh! quoi, Roland! criai-je, ô martyr que j’implore,
Pas de pardon, jamais? — Jamais! répond encore
La voix sinistre. Au loin, de sommets en sommets,
20.La montagne redit le mot fatal: Jamais.
Et moi, qu’avait brisé cet arrêt de la tombe,
Je tombais sur le sol comme un cadavre tombe.
Quand je me relevaii, le jour brillait aux cieux,
Et je redescendis le mont silencieux.