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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/22

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aux sons sourds â, ô, eu, é les sons clairs a, o, eu, è; dans le Nord de la France, c’est précisément le contraire, et nous ne voyons pas que, pour être plus harmonieux et plus sonore, le français du Midi soit moins intelligible, moins correcte que celui du Nord.“ M. Martin a raison, sans doute, bien que nous sachions qu’au Midi la langue (et la prononciation) française ne sont qu’une importation expotique; mais la voix de M. Martin est celle du prophète dans le désert. — Les autres dissidents que nous avons trouvés, estiment que la meilleure prononciation est celle des méridionaux qui ont émigré à Paris et y ont perdu leurs provincialismes. On assure que les chanteurs et les acteurs les plus célèbres des grandes scènes de Paris ont eu leur berceau sur les bords du Rhône ou de la Garonne, ou du moins, sont originaires de la province. Je n’ai pas eu l’occasion de vérifier cette assertion, qui, en elle même, n’a rien d’improbable.

Il est donc entendu que, pour connaître le bon usage, il faut aller à Paris, et y écouter les gens bien élevés, natifs de Paris même et aussi de la province, pourvu que ces provinciaux se soient corrigés de leurs imperfections dialectales, qu’ils portent avec eux comme les limaçons leur coquille et dont ils ne peuvent se débarrasser que dans la capitale. Et si nous suivons les conseils des grammairiens anciens et modernes, nous nous y attacherons, faute d’une cour, surtout aux gens de lettres, aux savants, aux grammairiens, aux avocats, aux orateurs laïques et ecclésiastiques et aux comédiens.

Malheureusement tout cela ne nous tire pas entièrement d’embarras. D’abord, il est très difficile de définir qui appartient aujourd’hui aux gens bien élevés et surtout qui n’y appartient pas. Faut-il y ranger seulement ceux qui ont