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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/26

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votre langage comme de la coupe de vos habits; cela est raide, cela n’est pas élégant. À Paris, vous apprenez à jeter dans votre prononciation un certain abandon, une foule de négligences préméditées qui font le charme de la bonne prononciation. Vous apprenez, en un mot, à ne pas être esclaves de la règle. Voilà donc quel sera votre usage.» Il y a du nouveau dans cette définition; le bon usage est celui du plus grand nombre des gens bien élevés de Paris (v. ci-dessus) agrémenté et égayé par un foule de négligences préméditées. Et si on a bien observé la prononciation de ce plus grand nombre et leurs négligences et qu’on ait donné à ces observations la forme de règles, il faut, paraît-il, se méfier de ces mêmes règles pour ne pas tomber dans le ridicule.

Nous nous méfions donc aussi des règles de l’auteur. Nous ne pouvons les réproduire ici; disons seulement que, d’accord avec tous ses collègues, il demande aux acteurs une r dentale et les mots les, des, ces, ses, mes, tes avec un e ouvert, et que ses autres prescriptions, si elles ne répètent pas des lieux communs, sont incomplètes, mal formulées et contestables. Elles n’ont de la valeur que pour qui veut connaître les idées personelles à M. Dupont-Vernon, qui, certes, ne sont pas sans intérêt.

On donne donc aux acteurs des règles à part qu’ils sont libres d’observer ou de ne pas observer, et on leur recommande un bon usage vaguement défini. Par conséquent, ce n’est pas chez eux qu’il faut le chercher, et nous ferons bien de les récuser, eux aussi, avec d’autant moins de scrupule que les poètes lyriques nous assurent presque unanimément que les acteurs ne savent pas lire ou déclamer des vers.[1] Il est vrai qu’en revanche, les acteurs sont

  1. Voir les jugements de Th. de Banville et de Leconte de Lisle dans Lubarsch, l. c., pp. 25 et 28.