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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/28

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est juste, à peu près, quand on ne pense qu’à leur manière de parler dans la haute comédie) et chez ceux «qui lisent bien quand ils lisent haut». En tout cas, la prononciation moyenne ainsi que le bon usage ou les bons usages ne sont et n’ont jamais été que des abstractions plus ou moins arbitraires, et si les grammairiens et les orthoépistes ne se sont jamais accordés, c’ests qu’ils n’ont pas songé à s’entendre sur la méthode à suivre pour construire ce qu’on pourrait appeler le bel usage, c’est-à-dire l’usage le plus répandu pour les différents genres de style dans les groupes de la société qui, par la profession et la position de leurs membres, jouissent d’une certaine autorité en matière de langue.

On pourra se demander s’il vaut la peine de faire cette construction artificielle du bon usage. Il y a des nations qui se trouvent parfaitement bien sans qu’on y ait jamais pensé à chercher ce qu’il faut juger bon ou mauvais dans la prononciation. Les gens instruits ne s’en élèvent pas moins par une prononciation plus distinguée au-dessus du gros du peuple, et il y a même, pour chaque province, une convention tacite qui détermine ce qu’il faut éviter comme dialectal et ce qui est tolérable. Les théâtres, les discours publics, les sermons, l’orthographe, le commerce incessant des personnes instruites de tout le pays, les mille occasions de se rapprocher et de se parler qu’offrent les assemblées politiques, les villégiatures, les relations mondaines ou officielles, les rapports d’affaires et d’intérêts, tout cela exerce une influence égalisatrice dont les moyens de communication actuels augmentent l’action d’année en année. On y rencontre partout des personnes exemptes presque de tout accent local. Dans la France d’aujourd’hui, la situation n’est pas très différente.