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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/30

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monde, et surtout chez les gens de lettres, les savants, les orateurs politiques et ecclésiastiques, les acteurs, les professeurs et les théoriciens de la langue, qui aujourd’hui remplacent les cours du temps jadis, et c’est celui qu’il donnera comme bon ou normal. Il n’étudiera pas seulement le mot isolé qui, somme toute, ne s’emploie que rarement, mais surtout la prononciation employée dans les phrases. En outre, il ne se contentera pas d’observer la prononciation des personnes qui doivent être regardées comme des autorités de langue, il descendra aussi dans cette grande masse du peuple qui ne possède qu’une éducation élémentaire: c’est là que bat le cœur des langues modernes. Le simple maître d’école qui, par pédanterie bien intentionnée mais mal avisée, fait sentir une foule de consonnes qui n’avaient jamais été prononcées auparavant, exerce aujourd’hui une plus grande influence que tous les professeurs de diction. Les gens de lettres, les acteurs et les orateurs ne peuvent se soustraire, à la longue, aux évolutions de la langue, nées au cœur de la nation, dans les masses profondes de la bourgeosie. Le théâtre, surtout, qui reproduit les scènes de la vie réelle, subit cette influence; il est assujetti à cet usage véritablement commun qu’il est bien loin de créer. Enfin partout où le langage employé dans les hautes classes et dans les classes moyennes de Paris est flottant, il ne reste qu’à recourir à l’étude de la langue des provinciaux, parmi lesquels les habitants de l’ancienne Île de France ont, par l’histoire, droit à être entendus les premiers. Il n’y a pas de place ici pour la spéculation théorique comme l’aimaient les grammairiens des siècles passés; la grammaire moderne a renoncé une fois pour toutes à la prétention néfaste et stérile qu’avait celle du 16e et du 17e siècle