Aller au contenu

Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de vouloir imposer des lois à la langue; elle se contente de constater, avec le plus grand soin possible, ce qui est, elle cherche à expliquer l’état actuel et à découvrir les facteurs ou les lois qui régissent et qui ont régi le développement de langue.

L’œuvre du grammairien qui veut fixer la prononciation de ses contemporains n’est, du reste, rien moins que facile. Nous ne voulons pas parler de la préparation scientifique qui lui est nécessaire, s’il veut mener ses recherches à bonne fin. Mais de tous les côtés se présentent des difficultés d’une nature plutôt technique. Il est assez facile de trouver des gens bien élevés et de bonne volonté qui se prêtent même à des expériences phonographiques faites avec les appareils qu’on vient d’introduire dans la science phonétique. Mais l’application de ces instruments qui leur donne l’air de martyrs les décontenance et leur fait perdre l’équilibre lingual. Malgré eux, ils égarent ou trompent souvent leur examinateur. Celui-ci, quand même, après coup, il s’aperçoit de ses erreurs, a en tout cas perdu son temps. En outre, il ne faut pas trop compter sur la patience des presonnes de bonne volonté. Ceux dont le concours est salarié souvent ne comprennent pas les expériences qu’il s’agit de faire, souvent ne s’y interessent pas: leur indifférence induit en de nouvelles erreurs. Les gens les plus instruits sont toujours embarassés par les questions qu’on leur fait sur des détails de leur prononciation, et s’ils ne sont pas grammairiens et ne savent pas s’observer, ils donneront, pour la plupart, des réponses qui ne méritent qu’une foi très limitée. Qui se sent observé, est toujours enclin à poser, pour ainsi dire: pour beaucoup, l’aspect d’un phonétiste qui les examine fait l’effet d’un espion contre lequel il