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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/32

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faut se tenir sur ses gardes. Les meilleurse observations phonétiques sont faites sur des personnes qui ne se savent pas observées. Mais on ne peut observer personne à son insu quand il faut employer des appareils; même quand on veut seulement entendre le même individu s’exprimer dans les différents genres de style, on ne peut pas lui cacher son projet: les notes qu’il prend, trahissent l’examinateur. On ne peut pas même s’examiner soi-même sans courir risque de se tromper: la réflexion nous fait perdre l’ingénuité. Il n’y a que les acteurs, les conférenciers, les prédicateurs et le lecteurs publics qu’on peut observer sans qu’ils le sachent. Mais là aussi, les conférenciers, les prédicateurs et le lecteurs publics qu’on peut observer sans qu’ils le sachent. Mais là aussi, les inconvénients sont nombreux. Rien de plus facile, en effet, que de fréquenter les théâtres, d’y entendre les mêmes acteurs, soit dans les mêmes rôles, soit dans des rôles différents, et d’y prendre autant de notes qu’on veut. Mais d’abord cette étude est très coûteuse, même pour la minorité des grammairiens et des phonétistes qui n’est pas astreinte à une sage économie. Ensuite, pour savoir ce qui est artificiel dans la prononciation des acteurs sur la scène, il faudrait pouvoir les observer aussi dans leur vie privée, quand ils parlent sans contrainte. Même inconvénient pour les conférenciers de toutes les catégories; et justement les acteurs, les conférenciers et les gens de lettres les plus en vue sont les moins accessibles dans la vie privée. On ne peut vraiment pas leur demander de perdre leur temps en de longues interviews et d’ennuyeux examens faits par des grammairiens ou des phonétistes dont ils ne savent pas apprécier la compétence et dont les études ne leur inspirent souvent qu’un médiocre intérêt. Toutes ces difficultés ont eu pour effet que, tout en prétendant enseigner le bon usage, les orthoépistes et lexicographes de tous les