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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/44

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muscats gonflés de sucre qui s’échelonnent au bord du Rhône, sont diablement appétissants aussi! Oui, mais il y a Tarascon derrière, et dans le petit monde du poil et de la plume, Tarascon est très mal noté. Les oiseaux de passage eux-mêmes l’ont marqué d’une grande croix sur leur feuille de route, et quand les canards sauvages, descendant vers la Camargue en long triangle, aperçoivent de loin les clochers de la ville, celui qui est en tête se met à crier bien fort: „Voilà Tarascon! voilà Tarascon!“ et toute la bande fait un crochet.

Bref, en fait de gibier, il ne reste plus dans le pays qu’un vieux coquin de lièvre, échappé comme par miracle aux septembrisades tarasconnaises et qui s’entête à vivre là. À Tarascon, ce lièvre est très connu. On lui a donné un nom: il s’appelle le Rapide. On sait qu’il a son gîte dans la terre de monsieur Bompard, — ce qui, par parenthèse, a doublé et même triplé le prix de cette terre, — mais on n’a pas encore pu l’atteindre.

À l’heure qu’il est même, il n’y a plus que deux ou trois enragés qui s’acharnent après lui.