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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/9

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En France, on a toujours eu soin de bien prononcer et de suivre, dans la prononciation comme dans la syntaxe et dans le lexique, ce qu’on appelait et ce qu’on appelle encore: le bon usage. Dès le 12e siècle, les Français de l’Île de France étaient persuadés qu’ils possédaient le monopole du beau langage et déjà les pronvinciaux d’alors admettaient cette prétention, non, toutefois, sans résister et sans défendre les droits de leurs dialectes locaux qui, on le sait, furent cultivés littérairement encore au 14e et même au 15e siècle. Tout le monde connaît les vers de Quene de Béthune, trouvère du 12e siècle:

Por çou j’ai mais mon chanter en defois,
Que mon langage ont blasmé li François,
Et mes chançons, oiant les Champenois
Et la contesse, encor dont plus me poise.
La roïne ne fist pas ke courtoise,
Qui me reprist, elle et se fius li rois[1]:
Encor ne soit ma parole françoise,
Si la puet on bien entendre en françois,
Ne cil ne sont bien apris ne cortois
Qui m’ont repris, se j’ai dit mot d’Artois,
Car je ne fui pas norriz a Pontoise.

  1. Le roi Philippe Auguste (vers 1180) et sa mère Alix de Champagne, veuve de Louis VII.