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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/190

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le soumettant tant bien que mal à un contrôle populaire plus ou moins fictif, — ce système a fait son temps. Il est aujourd’hui un empêchement au progrès. Ses vices ne dépendent pas des hommes, des individus au pouvoir, — ils sont inhérents au système, et ils sont si profonds qu’aucune modification du système ne saurait l’approprier aux besoins nouveaux de notre époque. Le système représentatif fut la domination organisée de la bourgeoisie, et il disparaîtra avec elle. Pour la nouvelle phase économique qui s’annonce, nous devons chercher un nouveau mode d’organisation politique, basé sur un principe tout autre que celui de la représentation. C’est la logique des choses qui l’impose.




Et d’abord, le gouvernement représentatif participe de tous les vices inhérents à toute espèce de gouvernement. Mais loin de les affaiblir, il ne fait que les accentuer, il en crée de nouveaux.

Une des plus profondes paroles de Rousseau sur les gouvernements en général s’applique au gouvernement électif, au même titre qu’à tous les autres. Pour abdiquer ses droits entre les mains d’une assemblée élue, ne faudrait-il pas, en effet, qu’elle fût composée d’anges, d’êtres surhumains ? Et encore ! les griffes et les cornes pousseraient bien vite à ces êtres éthérés, dès qu’ils pourraient gouverner le bétail humain.

Semblable en cela aux despotes, le gouvernement représentatif — qu’il s’appelle Parlement, Convention, Conseil de la Commune, ou qu’il se donne tout autre titre plus ou moins saugrenu, qu’il soit nommé