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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/196

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nécessairement, comme un détachement de soldats en campagne, à se soumettre à un chef unique.

Ceci en temps d’accalmie. Mais, que la guerre s’allume sur les frontières, qu’une lutte civile se déchaîne à l’intérieur — et alors, le premier ambitieux venu, le premier aventurier habile, s’emparant de la machine aux mille ramifications que l’on nomme administration, s’imposera à la nation. L’Assemblée ne sera pas plus capable de l’en empêcher que cinq cents hommes pris au hasard dans la rue : au contraire, elle paralysera la résistance. Les deux aventuriers portant de nom de Bonaparte ne sont pas des jeux de hasard. Ils furent la conséquence inévitable de la concentration des pouvoirs. Quant à l’efficacité qu’auraient les parlottes de résister aux coups d’État, la France en sait quelque chose. De nos jours encore, est-ce la Chambre qui sauva la France du coup d’État de Mac-Mahon ? Ce sont — on le sait aujourd’hui — les comités extra-parlementaires. On nous citera encore l’Angleterre ? Mais qu’elle ne se vante pas trop d’avoir conservé intactes ses institutions parlementaires dans le courant du XIXe siècle ! Elle a su éviter, il est vrai, pendant ce siècle, la guerre de classes ; mais tout porte à croire qu’elle l’aura aussi, et il ne faut pas être prophète pour prévoir que le Parlement ne sortira pas intact de cette lutte : et il sombrera d’une manière ou d’une autre, selon la marche de la Révolution.

Et si nous voulons, lors de la prochaine révolution, laisser les portes grand-ouvertes à la réaction, à la monarchie, peut-être, nous n’avons qu’à confier nos affaires à un gouvernement représentatif, à un ministère armé de tous les pouvoirs qu’il possède aujourd’hui. La dictature réactionnaire, d’abord nuancée de