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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/264

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tature, même la mieux intentionnée, — à la mort de la révolution. Et nous savons enfin que cette idée de dictature n’est toujours qu’un produit malsain de ce fétichisme gouvernemental qui, de pair avec le fétichisme religieux, a toujours perpétué l’esclavage.

Mais aujourd’hui ce n’est pas aux anarchistes que nous nous adressons. Nous parlons à ceux des révolutionnaires gouvernementalistes qui, égarés par les préjugés de leur éducation, se trompent sincèrement et ne demandent pas mieux que de discuter. Nous leur parlerons donc en nous mettant à leur point de vue.




Et d’abord, une observation générale. — Ceux qui prêchent la dictature ne s’aperçoivent généralement pas qu’en soutenant ce préjugé, ils ne font que préparer le terrain à ceux qui les égorgeront plus tard. Il y a cependant un mot de Robespierre dont ses admirateurs feraient bien de se souvenir. Lui, il ne niait pas la dictature en principe. Mais… — « Garde-t’en bien » — répondit-il brusquement à Mandar lorsque celui-ci lui en parla, — « Brissot serait dictateur ! » Oui, Brissot, le malin Girondin, ennemi acharné des tendances égalitaires du peuple, défenseur enragé de la propriété (qu’il avait jadis qualifiée de vol), Brissot, qui eût tranquillement écroué à l’Abbaye Hébert, Marat, et tous les modérantistes jacobins !

Mais, cette parole date de 1792 ! À cette époque, la France était déjà depuis trois ans en révolution ! De fait, la royauté n’existait plus : il ne restait qu’à lui porter le coup de grâce ; en fait, le régime féodal était