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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/338

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apporter son travail vivifiant pour déverser sur lui sa pluie d’épis dorés — et l’homme fait défaut. Enfermé toute sa vie dans les casernes industrielles, il fabrique des tissus merveilleux pour les rajahs de l’Inde, pour les possesseurs d’esclaves en Afrique, pour les femmes des banquiers ; il tisse pour habiller les Égyptiens, les Tartares du Turkestan, s’il ne se promène pas les bras croisés autour des usines silencieuses, — et la terre ne reçoit pas la culture qui donnerait le nécessaire et le confort aux millions. La viande est encore un objet de luxe pour vingt millions de Français.

Outre ceux qui s’appliquent au jour le jour au travail de la terre, celle-ci demande encore des millions de bras en plus à certaines époques, pour améliorer les champs, pour épierrer les prairies, pour créer avec l’aide des forces de la nature un sol enrichi, pour engranger à temps les riches moissons. Elle demande que la ville lui envoie ses bras, ses machines, ses moteurs, et ces moteurs, ces machines, ces bras restent à la ville, les uns inoccupés, les autres employés à satisfaire la vanité des riches du monde entier.

Loin d’être une source de richesse pour le pays, la propriété individuelle est devenue une source d’arrêt dans le développement de l’agriculture. Pendant que quelques chercheurs ouvrent des voies nouvelles à la culture de la terre, celle-ci reste stationnaire sur presque toute la vaste surface de l’Europe — grâce à la propriété individuelle.




S’en suit-il que la Révolution Sociale doive renverser toutes les bornes et les haies de la petite propriété,