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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/349

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de laquelle on jouit de superflu. Dans chaque ville, dans chaque pays, cette moyenne diffère ; mais l’instinct populaire ne s’y trompera point, et, sans qu’il soit nécessaire de dresser des statistiques sur beau papier, et de remplir de chiffres toute une série de volumes, le peuple saura retrouver son bien. Dans notre belle société, c’est une faible minorité qui s’est adjugé le plus clair du revenu national, qui s’est fait bâtir les palais de ville et de campagne, qui accumule dans les banques et sous son nom les pièces de monnaie, les billets et les paperasses de toute sorte qui représentent l’épargne du travail public. C’est là ce qu’il faut saisir, et, du même coup, on libère le malheureux paysan dont chaque motte de terre est grevée par une hypothèque, le petit boutiquier qui vit constamment dans les transes en prévision des traites, des contraintes, de l’inévitable faillite, et toute cette foule lamentable qui n’a pas le pain du lendemain. Eût-elle été indifférente la veille, toute cette multitude peut-elle ignorer au jour de l’expropriation qu’il dépend d’elle de rester libre ou de retomber dans la misère et dans l’éternelle anxiété ? Ou bien aura-t-elle encore la naïveté, au lieu de s’affranchir elle-même, de nommer un gouvernement provisoire de gens à mains souples et à langues bien pendues ? N’aura-t-elle point de répit qu’elle n’ait remplacé les anciens maîtres par de nouveaux ? Qu’elle fasse son œuvre si elle doit être faite ; qu’elle la confie à des délégués, s’il lui plaît d’être trahie !




La raison n’est pas tout, nous le savons. Il ne suffit pas que les intéressés arrivent à reconnaître leur inté-