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des redistributions de terres parmi les différentes negarias de la tribu[1]. Chez les Alfourous de Minahasa nous trouvons le roulement communal des récoltes ; chez les tribus indiennes des Wyandots nous avons les redistributions périodiques des terres dans la tribu, et la culture du sol par le clan ; dans toutes les parties de Sumatra où les institutions musulmanes n’ont pas encore totalement détruit la vieille organisation, nous trouvons la famille composée (souka) et la commune villageoise (kota) qui conserve son droit sur la terre, même si une partie de cette terre a été défrichée sans son autorisation[2]. C’est dire que nous retrouvons là toutes les coutumes pour se protéger mutuellement et pour prévenir les querelles et les guerres, coutumes qui ont été brièvement indiquées dans les pages précédentes comme caractéristiques de la commune villageoise. On peut même dire que plus la coutume de la possession en commun de la terre a été maintenue dans son intégrité, plus douce et meilleures sont les mœurs. De Stuers affirme d’une façon positive que c’est chez les tribus où l’institution de la commune villageoise a été le moins dénaturée par les conquérants, qu’il y a le moins d’inégalités de fortune et le moins de cruauté, même dans les prescriptions de la loi du talion. Au contraire, partout où la commune villageoise a été entièrement dissoute, « les habitants ont souffert la plus terrible oppression de leurs maîtres despotiques[3] ». Cela est tout naturel. Quand Waitz remarque que les tribus qui ont conservé leurs

  1. Post, Studien zur Entwiciklungsgeschichte des Familien-Rechts, Oldenburg, 1889, p. 270 et suiv.
  2. Powell, Annual Report of the Bureau of Ethnography, Washington, 1881, cité dans les Studien de Post, p. 290 ; Bastian, Inselgruppen in Oceanien, 1888, p. 88.
  3. De Stuers, cité par Waitz, V, 141.