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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/119

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que les canons de la Bastille tiraient sur le peuple se répandit dans tout Paris, et elle eut un double effet. Le Comité permanent de la milice parisienne s’empressa d’envoyer une nouvelle députation vers le commandant, pour lui demander s’il était disposé à recevoir dans cette place un détachement de la milice, qui garderait la Bastille de concert avec les troupes. Mais cette députation ne parvint pas jusqu’au commandant, puisqu’une fusillade nourrie continuait tout le temps entre les invalides et les assaillants, qui, blottis le long de quelques murs, tiraient, surtout sur les soldats desservant les canons. D’ailleurs le peuple comprenait que les députations du Comité ne faisaient qu’empêcher l’assaut : « une députation n’est plus ce qu’ils veulent ; c’est le siège de la Bastille ; c’est la destruction de cette horrible prison ; c’est la mort du gouverneur qu’ils demandent à grands cris », vinrent rapporter les députés.

Cela n’empêcha pas le Comité de l’Hôtel de Ville d’envoyer une troisième députation, M. Ethis de Corny, procureur du roi et de la ville, et plusieurs citoyens furent chargés encore une fois de refroidir l’élan du peuple, d’enrayer l’assaut et de parlementer avec de Launey, afin qu’il reçût dans la forteresse une milice du Comité. L’intention d’empêcher le peuple de se rendre maître de la Bastille était évidente[1].

  1. « Ils étaient chargés d’engager tous ceux qui se trouvaient aux environs de la Bastille à se retirer dans leurs districts respectifs afin d’y recevoir promptement leur admission dans la milice parisienne ; de rappeler à M. de Launey la promesse qu’il avait donnée à M. Thuriot de la Rozière et à M. Bellon… » (Flammermont, l.c., p. CLVIII.) Arrivée dans la cour de l’Avancée, qui était remplie de gens armés de fusils, de haches, etc., la députation parla aux invalides. Ceux-ci demandèrent, évidem-