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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/129

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doute que la Cour eût préparé un coup d’État contre l’Assemblée et contre Paris. Mais les documents abondent pour prouver la réalité de ce complot. Mignet, dont l’esprit modéré est bien connu et qui avait l’avantage d’écrire bientôt après les événements, n’avait pas de doute à cet égard, et les recherches postérieures ont confirmé sa manière de voir. Le 13 juillet, le roi devait renouveler sa déclaration du 23 juin, et l’Assemblée devait être dissoute. Quarante mille exemplaires de cette déclaration étaient déjà imprimés, pour être envoyés dans toute la France. Le commandant de l’armée concentrée entre Versailles et Paris avait reçu des pouvoirs illimités pour massacrer le peuple de Paris et pour sévir contre l’Assemblée en cas de résistance.

Cent millions de billets de l’État avaient été fabriqués pour subvenir aux besoins de la Cour, sans demander un vote à l’Assemblée. Tout était préparé, et lorsque l’on apprit, le 12, que Paris se soulevait, la Cour considéra ce soulèvement comme une émeute qui favorisait ses plans. Un peu plus tard, lorsqu’on sut que l’insurrection grandissait, le roi fut encore sur le point de partir, en abandonnant à ses ministres le soin de faire disperser l’Assemblée par les troupes étrangères. Ce furent les ministres qui, voyant la vague monter, n’osèrent pas mettre ce plan à exécution. C’est pourquoi une panique si grande saisit la Cour après le 14 juillet, lorsqu’elle apprit la prise de la Bastille et l’exécution de de Launey ; alors les Polignac, les princes et tant d’autres nobles qui avaient été l’âme du complot et craignaient d’être dénoncés, s’empressèrent d’émigrer.

Mais le peuple veillait. Il comprenait vaguement ce