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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/156

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dant les deux siècles précédents. Pour le moment, ce travail des archives n’étant pas fait, nous devons nous borner à ce qu’on peut glaner dans quelques histoires locales, dont certains Mémoires et chez quelques auteurs, — tout en expliquant le soulèvement de 1789 par la lumière que les mouvements des années suivantes, mieux connus, jettent sur cette première explosion.

Que la disette fût pour beaucoup dans ces émeutes — c’est certain. Mais leur motif principal était l’abolition des redevances féodales, consignées dans les terriers, ainsi que les dîmes, et le désir de s’emparer de la terre.

Il y a en outre un trait caractéristique pour ces émeutes. Elles restent isolées dans le centre de la France, le Midi et l’Ouest, sauf la Bretagne. Mais elles sont très générales dans l’Est, le Nord-Est et le Sud-Est. Le Dauphiné, la Franche-Comté, le Mâconnais en sont surtout affectés. En Franche-Comté, presque tous les châteaux furent brûlés, dit Doniol (La Révolution française et la féodalité, p. 48) ; trois châteaux sur cinq furent saccagés dans le Dauphiné. Puis viennent l’Alsace, le Nivernais, le Beaujolais, la Bourgogne, l’Auvergne. En général, comme je l’ai déjà fait remarquer ailleurs, si l’on trace sur une carte les localités où se produisirent les soulèvements, cette carte offrira une ressemblance frappante avec la carte « des trois-cent-soixante-trois », publiée en 1877 après les élections qui affermirent la troisème République. C’est la partie orientale de la France qui épousa surtout la cause de la Révolution, et cette même partie reste plus avancée jusqu’à nos jours.

Doniol a très justement remarqué que l’origine de ces