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gneuriales, des mainsmortes et autres servitudes personnelles[1]. »

Il faut dire aussi que depuis quelque temps les servitudes personnelles n’étaient plus payées par les paysans. On a pour cela des témoignages très nets des intendants. Après la révolte de juillet, il était évident qu’elles ne seraient plus payées du tout, — que les seigneurs y eussent renoncé ou non.

Eh bien ! Ces concessions, proposées par le vicomte de Noailles, furent encore rétrécies, et par les nobles, et par les bourgeois, dont un grand nombre possédaient des propriétés foncières comportant des titres féodaux. Le duc d’Aiguillon, qui suivit de Noailles à la tribune et que les nobles ci-dessus mentionnés avaient choisi pour leur porte-parole, parla avec sympathie des paysans ; il excusa leur insurrection, mais pourquoi ? Pour dire que « le reste barbare des lois féodales qui subsistent encore en France, sont, on ne peut se le dissimuler, une propriété, et toute propriété est sacrée. L’équité, disait-il, défend d’exiger l’abandon d’aucune propriété sans accorder une juste indemnité au propriétaire. » C’est

  1. « Tous droits féodaux seront rachetables par les communautés, en argent, ou échangés », disait le vicomte de Noailles. « Tous subiront toutes les charges publiques, tous les subsides, sans aucune distinction, » disait d’Aiguillon, « Je demande le rachat pour les fonds ecclésiastiques, disait Lafare, évêque de Nancy, et je demande que le rachat ne tourne pas au profit du seigneur ecclésiastique, mais qu’il en soit fait des placements utiles pour l’indigence. » L’évêque de Chartres demande l’abolition du droit de chasse et en fait l’abandon pour son compte. Alors, noblesse et clergé se lèvent à la fois pour en faire autant. De Richer demande, non seulement l’abolition des justices seigneuriales, mais aussi la gratuité de la justice. Plusieurs curés demandent qu’il leur soit permis de sacrifier leur casuel, mais qu’une taxe en argent remplace la dîme.