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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/175

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menace des exécutions qu’il faudra recourir pour forcer les paysans à obéir. Réjouissons-nous, sans doute, de voir que le clergé se fût soumis — moyennant rachat — à l’abolition des dîmes ; mais disons aussi que le clergé eût infiniment mieux fait de ne pas insister sur le rachat. Que de luttes, que de haines, que de sang eût-il épargnés s’il avait fait abandon de la dîme et s’en était remis pour vivre, soit à la nation, soit encore mieux à ses paroissiens ! Et quant aux droits féodaux, — que de luttes eussent été évitées, si l’Assemblée, au lieu d’accepter la motion du duc d’Aiguillon, avait seulement adopté, dès le 4 août 1789, celle de Noailles, très modeste, au fond : l’abolition sans rachat des redevances personnelles, et le rachat seulement pour les rentes attachées à la terre ! Que de sang fallut-il verser pendant trois ans pour en arriver, en 1792, à cette dernière mesure ! Sans parler des luttes acharnées qu’il fallut soutenir pour arriver en 1793, à l’abolition complète des droits féodaux.

Mais faisons, pour le moment, comme le firent les hommes de 1789. Tout était à la joie après cette séance. Tous se félicitaient de cette Saint-Barthélemy des abus féodaux. Et cela nous prouve combien il importe, pendant une révolution, de reconnaître, de proclamer, du moins, un nouveau principe. Des courriers partis de Paris portaient, en effet, dans tous les coins de la France la grande nouvelle : « Tous les droits féodaux sont abolis ! » Car c’est ainsi que les décisions de l’Assemblée furent comprises par le peuple et c’est ainsi qu’était rédigé l’article premier de l’arrêté du 5 août ! Tous les droits féodaux sont abolis ! Plus de dîmes ! Plus de cens, plus