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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/241

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– que fit Paris ? – Un inconnu lança l’idée que tous, tout Paris, iraient travailler au Champ de Mars, et tous – pauvres et riches, artistes et manouvriers, moines et soldats, se mirent, le cœur gai, à ce travail. La France, représentée par les mille délégués venus des provinces, trouva son unité nationale en remuant la terre – symbole de ce qui amènera un jour l’égalité et la fraternité des hommes et des nations.

Le serment que les milliers d’assistants prêtèrent « à la Constitution décrétée par l’Assemblée Nationale et acceptée par le roi », le serment prêté par le roi et confirmé spontanément par la reine pour son fils, – tout cela avait peu d’importance. Chacun mettait bien quelques « réserves mentales » à son serment, chacun y mettait certaines conditions. Le roi prêta son serment en ces mots : « Moi, roi des Français, je jure d’employer tout le pouvoir qui m’est réservé par l’acte constitutionnel de l’État à maintenir la constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par moi. » Ce qui signifiait déjà qu’il voudrait bien maintenir la Constitution, mais qu’elle serait violée, et que lui n’aurait pas le pouvoir de l’empêcher. En réalité, au moment même où le roi prêtait son serment, il ne pensait qu’aux moyens de sortir de Paris – sous prétexte d’un voyage de revue aux armées. Il calculait les moyens d’acheter les membres influents de l’Assemblée et escomptait les secours qui lui viendraient de l’étranger pour arrêter la Révolution que lui-même avait déchaînée par son opposition aux changements nécessaire et la fourberie de ses rapports avec l’Assemblée nationale.

Les serments valaient peu de chose. Mais ce qu’il im-