Aller au contenu

Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chapitre XII) dut convoquer les districts pour s’entendre avec eux. Pour armer le peuple, pour constituer la garde nationale et surtout pour mettre Paris en état de défense contre une attaque armée de Versailles, les districts déployèrent la plus grande activité.

Après la prise de la Bastille, on voit déjà les districts agir comme organes attitrés de l’administration municipale. Chaque district nomme son Comité civil, de 16 à 24 membres, pour gérer ses affaires. D’ailleurs, comme l’a très bien dit Sigismond Lacroix dans son introduction au premier volume des Actes de la Commune de Paris pendant la Révolution (t. I, Paris 1894, p. VII), chaque district s’organise lui-même, « comme il l’entend ». Il y a même une grande variété dans leur organisation. Un district, « devançant les vœux de l’Assemblée nationale sur l’organisation judiciaire, se nomme des juges de paix et de conciliation. » Mais pour se concerter entre eux « ils créent un bureau central de correspondance où des délégués spéciaux se rencontrent et échangent leurs communications. » Un premier essai de Commune se fait ainsi — de bas en haut, par la fédération des organismes de district, surgie révolutionnairement de l’initiative populaire. La Commune révolutionnaire du 10 août se dessine ainsi dès cette époque, et surtout dès décembre 1789, lorsque les délégués des districts essayèrent de former un Comité central à l’archevêché.

C’est par l’intermédiaire des « districts » que dès lors Danton, Marat et tant d’autres surent inspirer aux masses populaires de Paris un souffle de révolte, et ces masses s’habituaient à se passer des corps re-