Aller au contenu

Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

présentatifs, à pratiquer le gouvernement direct[1].

Immédiatement après la prise de la Bastille, les districts avaient chargé leurs députés de préparer, d’accord avec le maire de Paris, Bailly, un plan d’organisation municipale qui serait ensuite soumis aux districts eux-mêmes. Mais en attendant ce plan, les districts procédaient comme il le trouvaient nécessaire, agrandissant eux-mêmes le cercle de leurs attributions.

Lorsque l’Assemblée nationale se mit à discuter la loi municipale, elle précédait, comme il fallait bien s’y attendre d’un corps aussi hétérogène, avec une lenteur désolante. « Au bout de trois mois », dit Lacroix, « le premier article du nouveau plan de Municipalité était encore à écrire » (Actes, t. II, p. XIV). On comprend que « ces lenteurs parurent suspectes aux districts », et dès lors se manifeste à l’égard de l’Assemblée des représentants de la Commune l’hostilité de plus en plus marquée d’une partie de ses commettants. Mais ce qui est surtout à relever, c’est que tout en cherchant à donner une forme légale au gouvernement municipal, les districts cherchaient à maintenir leur indépendance. Ils cherchaient l’union d’action – non dans la soumission des districts à un Comité central, mais dans leur union fédérative.

« L’état d’esprit des districts… se caractérise à la fois par un sentiment très fort de l’unité communale et par une tendance non moins forte vers le gouvernement direct », dit Lacroix (t. II, pp. XIV et XV). « Paris ne veut pas être une

  1. Sigismond Lacroix, Actes de la Commune, t. III, p. 625 ; – Mellié, Les sections de Paris pendant la Révolution, Paris, 1898, p. 9.