Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Alors, — que fait l’Assemblée ? Rend-elle justice aux demandes des paysans ? S’empresse-t-elle d’abolir sans rachat ces droits féodaux, si odieux aux cultivateurs et qu’ils ne paient plus autrement que sous la contrainte ?

Certainement non ! L’Assemblée vote de nouvelles lois draconiennes contre les paysans. Le 2 juin 1790, « l’Assemblée, informée et profondément affligée des excès qui ont été commis par des troupes de brigands et de voleurs (lisez : par les paysans) dans les départements du Cher, de la Nièvre et de l’Allier, et qui se sont étendus jusque dans celui de la Corrèze, décrète des mesures contre ces « fauteurs de désordres », et rend les communes responsables solidairement des violences commises.

« Tous ceux, dit l’article premier, qui excitent le peuple des villes et des campagnes à des voies de faits et violences contre les propriétés, possessions et clôtures d’héritages, la vie et sa sûreté des citoyens, la perception des impôts, la liberté de vente et la circulation des denrées, sont déclarés ennemis de la constitution, des travaux de l’Assemblée Nationale, de la Nature et du Roi. La loi martiale sera proclamée contre eux. » (Moniteur du 6 juin.)

Quinze jours plus tard, le 18 juin, l’Assemblée adopte un décret, en neuf articles, encore plus durs. Il mérite d’être cité.

L’article premier dispose que tous les redevables des dîmes, tant ecclésiastiques qu’inféodées, sont tenus « de les payer la présente année seulement, à qui de droit en la matière accoutumée… » Sur quoi le paysan se demandait, sans doute, si un nouveau décret n’allait pas