Aller au contenu

Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

descendus dans la rue et les provinces semblaient prêtes à se soulever, comme en août 1789. Le spectacle seul des milliers de paysans accourus des villages voisins, au son du tocsin, sur la route de Paris, et ramenant le roi dans la capitale — ce spectacle seul leur avait donné le frisson. Et maintenant, voilà que le peuple de Paris se levait, s’armait et demandait la continuation de la révolution : la république, l’abolition des droits féodaux, l’égalité sans phrases. La loi agraire, la taxe du pain, l’impôt sur les riches n’allaient-ils pas devenir des réalités ?

Non, plutôt le roi-traître, plutôt l’invasion étrangère que le succès de la révolution populaire.

Voilà pourquoi l’Assemblée se hâta de mettre fin à toute l’agitation républicaine en bâclant, le 15, ce décret qui mettait le roi hors de cause, le rétablissait sur le trône et déclarait criminels ceux qui demandaient que la révolution reprît son mouvement ascendant.

Sur quoi les Jacobins, ces prétendus meneurs de la Révolution, après une journée d’hésitations, abandonnèrent les républicains qui se proposaient de provoquer le 17 juillet, sur le champ de Mars, un vaste mouvement populaire contre la royauté. Et alors, la bourgeoisie contre-révolutionnaire, sûre de son affaire, rassembla sa garde nationale bourgeoise, la lança contre le peuple désarmé, réuni autour de l’« autel de la patrie » pour y signer une pétition républicaine, fit déployer le drapeau rouge, proclama la loi martiale, et massacra le peuple, les républicains.

Alors commença une période de franche réaction qui alla s’accentuant jusqu’au printemps de 1792.