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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/347

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Dans le peuple, la conviction était faite. On comprenait que le moment était venu de se débarrasser de la royauté, et que si le 20 juin n’était pas suivi de près d’une insurrection populaire, c’en était fait de la Révolution. Mais les politiciens de l’Assemblée jugeaient autrement. Qui sait quel sera le résultat d’une insurrection ? Aussi ces législateurs, sauf trois ou quatre d’entre eux, se ménageaient-ils déjà une issue en cas de contre-révolution triomphante.

La frayeur des hommes d’État, leur désir de se ménager un pardon en cas de défaite, — c’est là le danger pour toutes les révolutions.

Pour quiconque cherche à s’instruire par l’histoire, les sept semaines qui se passèrent entre la manifestation du 20 juin et la prise des Tuileries, le 10 août 1792, sont de la plus haute importance.

Quoique restée sans résultat immédiat, la manifestation du 20 juin avait sonné le réveil en France. « La révolte court de ville en ville », comme le dit Louis Blanc. L’étranger est aux portes de Paris, et le 14 juillet on proclame la patrie en danger. Le 14, on fête la Fédération, et le peuple en fait une formidable démonstration contre la royauté. De tous côtés des municipalités révolutionnaires envoient à l’Assemblée des adresses pour la forcer d’agir. Puisque le roi trahit, elles demandent la déchéance, ou la suspension de Louis XVI. Cependant, le mot « république » n’est pas encore prononcé : on incline plutôt vers la régence. Marseille fait exception, en demandant, dès le 27 juin, l’abolition de la royauté et en envoyant 500 volontaires qui arrivent à Paris en chantant « l’hymne marseillaise ». Brest et d’autres