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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/353

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prenait que le moment suprême d’agir était venu. Ou bien on porterait le coup de grâce à la royauté, ou bien la révolution resterait inachevée. Et on laisserait la royauté s’entourer de troupes, organiser le grand complot pour livrer Paris aux Allemands ! — Qui sait, pendant combien d’années à venir la royauté, légèrement rajeunie, mais toujours à peu près absolue, resterait sur le trône de la France ?

Eh bien ! à ce moment suprême, toute la préoccupation des politiciens est de se disputer entre eux, pour savoir aux mains de qui va échoir le pouvoir, s’il doit tomber des mains du roi ?

La Gironde le veut pour elle, pour la Commission des Douze qui deviendrait alors le pouvoir exécutif. Robespierre, de son côté, demande de nouvelles élections — une Assemblée renouvelée, une Convention, qui donnerait à la France une nouvelle constitution républicaine.

Quant à agir, quant à préparer la déchéance, personne n’y pense, sauf le peuple — certainement pas les Jacobins. Ce sont de nouveau les « inconnus », les favoris du peuple — Santerre, Fournier l’Américain, le Polonais Lazowski, Carra, Simon[1], Westermann (simple greffier à ce moment), dont quelques-uns appartenaient aussi au directoire secret des « fédérés » — qui se réunissent au Soleil d’Or pour comploter le siège du château et l’insurrection générale, avec le drapeau rouge en tête. Ce sont enfin les sections, — la plupart des sections de Paris et quelques-unes par-ci par-là dans le Nord, dans le département de Maine-et-Loire, à Mar-

  1. J.-F. Simon était un instituteur allemand, ancien collaborateur de Basedow au Philanthropium de Dessau.