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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/37

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taine aristocratie dans l’industrie, — ces mesures ne pouvaient manquer de réveiller un certain espoir de réformes dans le peuple. En voyant tomber les barrières seigneuriales dont la France était hérissée et qui empêchaient la libre circulation des grains, du sel et autres objets de première nécessité, les pauvres se réjouissaient de voir entamer les odieux privilèges des seigneurs. Les paysans plus aisés étaient heureux aussi de voir abolir la contrainte solidaire de tous les contribuables[1]. Enfin, en août 1779, la main-morte et la servitude personnelle furent supprimées dans les domaines du roi, et l’année suivante on se décidait à abolir la torture, que l’on avait continué à appliquer jusqu’alors dans la procédure criminelle sous ses formes les plus atroces, établies par l’ordonnance de 1670[2].

On commençait aussi à parler du gouvernement représentatif, tel que les Anglais l’avaient introduit chez eux après leur Révolution, et tel que le désiraient les écrivains philosophes. Turgot avait même préparé dans ce but un plan d’assemblées provinciales qui devaient précéder l’instauration d’un gouvernement représentatif pour la France entière, et la convocation d’un parlement élu par les classes possédantes. Louis XVI recula devant ce projet et renvoya Turgot, mais dès lors toute

  1. C’est ce qu’on vient d’abolir aussi en Russie (1906).
  2. Déclaration du 24 août 1780. La peine de roue existait encore en 1785. Les parlements, malgré le voltairianisme de l’époque et l’adoucissement général des mœurs, étaient restés défenseurs ardents de la torture qui ne fut définitivement abolie que par l’Assemblée nationale. Il est intéressant de constater (E. Seligman, La justice pendant la Révolution, p. 97 notes) que Brissot, Marat et Robespierre contribuèrent par leurs écrits au mouvement pour la réforme du code pénal.