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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/373

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n’avaient-ils pas jeté leurs cartouches par les fenêtres, invitant la foule à entrer dans le palais ? Le peuple ne cherchait-il pas à fraterniser avec les Suisses postés sur le grand escalier d’entrée, lorsque ceux-ci ouvrirent à bout portant un feu nourri et meurtrier sur la foule ? Bientôt le peuple comprit cependant qu’il fallait frapper bien plus haut si l’on voulait atteindre les instigateurs du massacre. Il fallait frapper le roi, la reine, « le comité autrichien » des Tuileries.

Or, c’était précisément le roi, la reine et leurs fidèles que l’Assemblée couvrait de son autorité. Il est vrai que le roi, la reine, leurs enfants et les familières de Marie-Antoinette étaient enfermés dans la tour du Temple. La Commune avait obtenu de l’Assemblée leur transfert dans cette tour, en déclinant toute responsabilité s’ils restaient au Luxembourg. Mais au fond, il n’y avait rien de fait. Il n’y eut rien de fait jusqu’au 4 septembre.

Le 10 août, l’Assemblée s’était refusée même à proclamer la déchéance de Louis XVI. Sous l’inspiration des Girondins, elle n’avait fait proclamer que la suspension de Louis XVI, et elle s’était empressée de nommer un gouverneur au Dauphin. Et maintenant, les Allemands, entrés en France, le 19, au nombre de 130,000 hommes, marchaient sur Paris pour abolir la constitution, rétablir le roi dans son pouvoir absolu, annuler tous les décrets des deux assemblées, et mettre à mort « les jacobins », c’est-à-dire tous les révolutionnaires.

On comprend aisément l’état d’esprit qui devait régner dans ces conditions à Paris ; sous des extérieurs de tran-