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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/374

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quillité, une sombre agitation s’emparait des faubourgs, qui, après leur victoire sur les Tuileries, si chèrement payée, se sentaient trahis, par l’Assemblée et même par les « chefs d’opinion » révolutionnaires qui, eux aussi, hésitaient de se prononcer contre le roi et la royauté.

Chaque jour, de nouvelles preuves étaient apportées à la tribune de l’Assemblée, aux séances de la Commune, dans la presse, du complot qui avait été ourdi aux Tuileries avant le 10 août et qui continuait à Paris et dans les provinces. Mais rien n’était fait pour frapper les coupables ou pour les empêcher de renouer la trame de leurs complots.

Chaque jour les nouvelles de la frontière devenaient de plus en plus inquiétantes. Les places étaient dégarnies, rien n’avait été fait pour arrêter l’ennemi. Il était évident que les faibles contingents français, commandés par des généraux douteux, ne sauraient jamais arrêter les armées allemandes, deux fois plus fortes en nombre, aguerries, et dont les généraux jouissaient de la confiance de leurs soldats. On escomptait déjà, entre royalistes, le jour, l’heure, où l’invasion frapperait aux portes de Paris.

La masse de la population comprenait le danger. Tout ce qu’il y avait de jeune, de fort, d’enthousiaste, de républicain dans Paris, courait s’enrôler pour partir vers la frontière. L’enthousiasme montait jusqu’à l’héroïsme. L’argent, les dons patriotiques pleuvaient dans les bureaux d’enrôlement.

Mais à quoi bon tous ces dévouements, lorsque chaque jour apporte la nouvelle de quelque nouvelle trahison,