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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/382

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rebelles, et à quelques-uns, les hulans ont coupé les oreilles pour les leur clouer sur le front.

Le lendemain on apprend que Longwy, investi le 20, s’est rendu aussitôt, et dans les papiers du commandant, Lavergne, on a trouvé une lettre contenant des offres de trahison de la part de Louis XVI et du duc de Brunswick.

À moins d’un miracle, il n’y a plus à compter sur l’armée.

Quant à Paris même, il est plein de « noirs » (c’est ainsi qu’on désignait alors ceux qui s’appelèrent plus tard les « blancs »). Une foule d’émigrés sont rentrés, et souvent on reconnaît le militaire sous la soutane d’un prêtre. Toutes sortes de complots, dont le peuple, qui surveille la prison royale avec anxiété, saisit bien les indices, se trament autour du Temple. On veut mettre le roi et la reine en liberté, soit par une évasion, soit par un coup de force. Les royalistes préparent un soulèvement général pour le jour — le 5 ou le 6 septembre — où les Prussiens seront dans la banlieue de Paris. Ils ne s’en cachent même pas. Les sept cents Suisses restés à Paris serviront de cadres militaires pour le soulèvement. Ils marcheront sur le Temple, mettront le roi en liberté et le placeront à la tête du soulèvement. Toutes les prisons seront ouvertes, et les prisonniers seront lancés pour piller la cité et ajouter ainsi à la confusion, pendant que le feu sera mis à Paris[1].

Telle était, du moins, la rumeur publique, entretenue

  1. Les prisonniers, enfermés à la Force, avaient déjà essayé d’y mettre le feu, dit Michelet, d’après l’enquête sur les journées de septembre.