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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/383

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par les royalistes eux-mêmes. Et lorsque Kersaint lut à l’Assemblée, le 28 août, le rapport sur la journée du Dix Août, ce rapport confirma la rumeur. Au dire d’un contemporain, il « fit frissonner », « tant les filets étaient bien tendus » autour des révolutionnaires. Et encore, toute la vérité n’y était pas dite.

Au milieu de toutes ces difficultés, il n’y avait que la Commune et les sections, dont l’activité répondît à la gravité du moment. Elles seules, secondées par le club des Cordeliers, agissaient en vue de soulever le peuple et d’obtenir de lui un effort suprême pour sauver la Révolution et la patrie qui s’identifiaient en cet instant.

Le Conseil général de la Commune, élu révolutionnairement par les sections le 9 août, agissait d’accord avec elles. Il travaillait avec une ardeur enthousiaste à armer et équiper, d’abord 30.000, puis 60.000 volontaires qui devaient partir aux frontières. Appuyés par Danton, ils savaient trouver dans leurs appels vigoureux ces paroles qui électrisaient la France. Car, sortie de ses attributions municipales, la Commune de Paris parlait maintenant à toute la France et aussi, par ses volontaires, aux armées. Les sections organisaient l’immense travail d’équipement des volontaires, et la Commune ordonnait de fondre les cercueils de plomb pour en faire des balles, et les objets du culte pris dans les églises, pour en avoir le bronze et faire des canons. Les sections devenaient la fournaise ardente où se fourbissaient les armes, par lesquelles la Révolution allait vaincre ses ennemis et faire un nouveau pas en avant — vers l’Égalité.

Car, en effet, une nouvelle révolution — une révolu-