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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/385

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Le 24, on recevait à Paris la nouvelle que Longwy s’était rendu sans combat, et l’insolence des royalistes grandissait en proportion. Ils chantaient victoire. Les autres villes feraient comme Longwy, et ils annonçaient déjà l’arrivée de leurs alliés allemands dans huit jours ; ils leur préparaient déjà des gîtes. Des rassemblements royalistes se formaient autour du Temple, et la famille royale s’unissait à eux pour saluer les succès des Allemands. Mais ce qui était le plus terrible, c’est que ceux qui s’étaient chargés de gouverner la France ne se sentaient pas le courage de rien entreprendre pour empêcher que Paris fût forcé de capituler comme Longwy. La Commission des Douze, qui représentait le noyau d’action dans l’Assemblée, tomba dans la consternation. Et le ministère girondin — Roland, Clavière, Servan et les autres — était d’avis qu’il fallait fuir et se retirer à Blois, ou bien dans le Midi, en abandonnant le peuple révolutionnaire de Paris aux fureurs des Autrichiens, de Brunswick et des émigrés. « Déjà les députés s’enfuyaient un à un », dit Aulard[1] : la Commune vint s’en plaindre à l’Assemblée. C’était ajouter la lâcheté à la trahison et, de tous les ministres, Danton, seul, s’y opposa absolument.

Il n’y eut que les sections révolutionnaires et la Commune qui comprirent que la victoire devait être remportée à tout prix, et que pour la remporter il fallait, à la fois, frapper l’ennemi aux frontières et les contre-révolutionnaires à Paris.

C’est précisément ce que les gouvernants ne voulaient

  1. Études et leçons sur la Révolution française, 2e série, 1898, p. 29.