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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/384

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tion visant l’Égalité, et que le peuple devait prendre en ses propres mains, se dessinait déjà devant les regards. Et la gloire du peuple de Paris fut de comprendre qu’en se préparant à repousser l’invasion, il n’agissait pas sous la seule impulsion de l’orgueil national. Ce n’était pas non plus une simple question d’empêcher le rétablissement du despotisme royal. Il comprit qu’il fallait consolider la Révolution, l’amener à quelque conclusion pratique ; et cela signifiait : ouvrir, par un suprême effort des masses du peuple, une nouvelle page de l’histoire de la civilisation.

Mais la bourgeoisie, elle aussi, avait parfaitement deviné ce nouveau caractère qui s’annonçait dans la Révolution et dont la Commune de Paris se faisait l’organe. Aussi l’Assemblée, qui représentait surtout la bourgeoisie, travailla-t-elle avec ardeur à contrecarrer l’influence de la Commune.

Déjà le 11 août, alors que l’incendie fumait encore aux Tuileries, et que les cadavres gisaient encore dans les cours du palais, l’Assemblée avait ordonné l’élection d’un nouveau directoire du département qu’elle voulait opposer à la Commune. La Commune s’y refusa, et l’assemblée dut capituler, mais la lutte continua — une lutte sourde, dans laquelle les Girondins de l’Assemblée cherchaient, tantôt à détacher les sections de la Commune, tantôt à obtenir la dissolution du Conseil général élu révolutionnairement le 9 août. Misérables intrigues en face de l’ennemi qui se rapprochait chaque jour de Paris, en se livrant à d’affreux pillages.