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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/39

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tionnaire ont servies dernièrement à leurs lecteurs. Loin d’être le personnage indifférent, inoffensif, bonasse, occupé seulement de chasse, qu’on a voulu faire de Louis XVI, il sut résister pendant quinze ans, jusqu’en 1789, au besoin qui se faisait sentir et s’affirmait, de nouvelles formes politiques, substituées au despotisme royal et aux abominations de l’ancien régime.

L’arme de Louis XVI fut surtout la ruse ; il ne céda que devant la peur ; et il résista, non seulement jusqu’en 1789, mais, toujours en employant les mêmes armes, — ruse et hypocrisie, — jusqu’à ses derniers moments, jusqu’au pied de l’échafaud. En tout cas, en 1778, au moment où il était déjà évident pour les esprits plus ou moins perspicaces, comme Turgot et Necker, que l’autocratie royale avait fait son temps, et que l’heure était venue de la remplacer par quelque sorte de représentation nationale, Louis XVI ne put être décidé qu’à faire de faibles concessions. Il convoqua les assemblées provinciales du Berry et de la Haute-Guyenne (1778 et 1779). Mais en présence de l’opposition rencontrée de la part des privilégiés, le plan d’étendre ces assemblées à d’autres provinces fut abandonné, et Necker fut renvoyé en 1781.

Entre temps, la révolution en Amérique contribua aussi à réveiller les esprits et à les inspirer d’un souffle de liberté et de démocratie républicaine. Le 4 juillet 1776, les colonies anglaises de l’Amérique du Nord proclamaient leur indépendance, et les nouveaux États-Unis furent reconnus, en 1778, par la France, — ce qui amena avec l’Angleterre une guerre qui dura jusqu’en 1783. Tous les historiens parlent de l’impression que produisit cette guerre. Il est certain, en effet, que la révolte des colo-