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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/415

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massacres qui menaçaient de s’étendre des prisons dans la rue, et pour garantir la sécurité à tous les habitants.

De même, lorsque la Convention se rassembla, et que, pour avoir décrété, le 21 septembre au matin, l’abolition de la royauté en France, elle « n’osait pas prononcer le mot décisif » de république et « semblait attendre un encouragement du dehors »[1], cet encouragement vint du peuple de Paris. Il accueillit le décret, dans la rue, par des cris de Vive la République ! et les citoyens de la section des Quatre-Nations vinrent forcer la main à la Convention en se disant trop heureux de payer de leur sang « la République », qui n’était pas encore proclamée à ce moment et qui ne fut reconnue officiellement par la Convention que le lendemain.

La Commune de Paris devenait ainsi une force qui s’imposait comme l’inspiratrice, sinon la rivale, de la Convention, et l’alliée du parti de la Montagne.


En outre la Montagne avait pour elle cette autre puissance qui s’était constituée dans le courant de la Révolution — le club des Jacobins de Paris, avec les nombreuses sociétés populaires en province, qui lui étaient affiliées. Il est vrai que ce club n’avait nullement la puissance et l’initiative révolutionnaires que lui prêtent tant d’écrivains politiques modernes. Loin de gouverner la Révolution, le club des Jacobins n’a fait que la suivre. Composé surtout de bourgeoisie aisée, son personnel même lui empêchait de diriger la Révolution.

À toute époque, dit Michelet, les Jacobins s’étaient

  1. Aulard, Histoire politique de la Révolution, deuxième édition, pp. 272 et suivantes.