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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/416

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flattés d’être les sages et les politiques de la Révolution, d’en tenir la haute balance. Ils ne dirigeaient pas la Révolution : ils la suivaient. L’esprit du club changeait avec chaque nouvelle crise. Mais le club se faisait immédiatement l’expression de la tendance qui avait pris le dessus à un moment donné dans la bourgeoisie instruite, modérément démocratique, il l’appuyait en travaillant l’opinion à Paris et en province dans le sens voulu, et il donnait les fonctionnaires les plus importants au nouveau régime. Robespierre, qui, selon l’expression si juste de Michelet, représentait « le juste-milieu de la Montagne », voulait que les Jacobins « pussent servir d’intermédiaires entre l’Assemblée et la rue, effrayer et rassurer tour à tour la Convention ». Mais il comprenait que l’initiative viendrait de la rue, du peuple.

Nous avons déjà mentionné, que dans les événements du 10 août l’influence des Jacobins fut nulle. Elle resta nulle en septembre 1792 ; le club était déserté. Mais peu à peu, dans le courant de l’automne, la société-mère de Paris fut renforcée par des Cordeliers, et alors le club reprit une vie nouvelle et devint le point de ralliement pour toute la partie modérée des républicains démocrates. Marat y devint populaire, mais non pas les « enragés », c’est-à-dire, pour parler un langage moderne, — non pas les communistes. À ceux-ci le club s’opposa, et plus tard il les combattit.

Lorsque, au printemps de 1793, la lutte engagée par les Girondins contre la Commune de Paris arriva à son moment critique, les Jacobins appuyèrent la Commune et les Montagnards de la Convention ; ils leur aidèrent à