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l’emportèrent dans les Îles Britanniques. Et lorsque la France républicaine envahit la Belgique et se cantonna dans la vallée de l’Escaut et du Rhin, menaçant de s’emparer aussi de la Hollande, la politique de l’Angleterre fut décidée.

Enlever à la France ses colonies, détruire sa puissance maritime et arrêter son développement industriel et son expansion coloniale, telle fut la politique qui rallia le grand nombre en Angleterre. Le parti de Fox fut écrasé, et celui de Pitt eut le dessus. Désormais l’Angleterre, forte de sa flotte, et surtout de l’argent qu’elle payait en subvention aux puissances continentales, y compris la Russie, la Prusse et l’Autriche, devint et resta pendant un quart de siècle à la tête de la coalition européenne. C’était la guerre, jusqu’à l’épuisement complet, des deux rivaux qui se partageaient les mers. Et ces guerres menèrent la France à la dictature militaire.

Enfin, si Paris, menacé par l’invasion, fut saisi d’un élan sublime et courut se joindre aux volontaires des départements de la France orientale, c’est la guerre qui donna la première impulsion au soulèvement de la Vendée. Elle fournit aux prêtres l’occasion d’exploiter la répugnance de ces populations à quitter leurs bocages pour aller combattre, on ne sait où, à la frontière ; elle aida à réveiller le fanatisme des Vendéens et à les soulever, au moment où les Allemands entraient en France. Et l’on vit plus tard combien de mal ce soulèvement fit à la Révolution.