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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/435

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les royalistes se passionnaient et sur lesquels s’apitoyaient les bourgeois, et même les sans-culottes qui montaient la garde au Temple.

Une pareille situation ne pouvait pas durer. Et cependant, près de deux mois se passèrent, pendant lesquels on se passionna à la Convention pour toutes sortes de choses, sans aborder cette première conséquence du 10 août — le sort du roi. Ce retard, à mon avis, devait être voulu, et nous ne pouvons nous l’expliquer qu’en admettant que l’on était, pendant ce temps-là, en pourparlers secrets avec les cours européennes, — pourparlers qui n’ont pas encore été divulgués, mais qui avaient certainement trait à l’invasion et dont l’issue dépendait de la tournure que prendrait la guerre.

On sait déjà que Danton et Dumouriez avaient eu des pourparlers avec le commandant de l’armée prussienne, afin de le décider à se séparer des Autrichiens et à opérer sa retraite. Et l’on sait aussi qu’une des conditions posées par le duc de Brunswick (probablement, non acceptée) fut de ne pas toucher à Louis XVI. Mais il dut y avoir plus. De semblables négociations furent probablement engagées aussi avec l’Angleterre. Et comment s’expliquer le silence de la Convention et la patience des sections, sans admettre qu’il y eut entente là-dessus entre la Montagne et la Gironde ?

Cependant, aujourd’hui il est évident pour nous que des pourparlers de ce genre ne pouvaient aboutir, et cela pour deux raisons. Le sort de Louis XVI et de sa famille n’intéressait pas assez le roi de Prusse, ni le roi d’Angleterre, ni le frère de Marie-Antoinette, l’empereur d’Autriche, pour sacrifier les intérêts poli-