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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/449

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étaient aussi royalistes que les Feuillants. Car, si quelques-uns de leurs meneurs rêvaient une sorte de république antique, sans roi, mais avec un peuple docile aux lois faites par les riches et la gent instruite, le grand nombre s’accordait très bien de la royauté. Ils l’ont bien prouvé, en faisant si bon ménage avec les royalistes après le coup d’État de thermidor.

Cela se comprend d’ailleurs, puisque l’essentiel, pour eux, était l’établissement du régime bourgeois, qui se constituait alors, dans l’industrie et dans le commerce, sur les débris du féodalisme, — « le maintien des propriétés », comme Brissot aimait à s’exprimer.

De là aussi leur haine du peuple et leur amour de « l’ordre ».


Empêcher le déchaînement du peuple, constituer un gouvernement fort et faire respecter les propriétés, c’était, en ce moment, l’essentiel pour les Girondins ; et c’est faute d’avoir compris ce caractère fondamental du girondisme que les historiens ont cherché tant d’autres circonstances secondaires, afin d’expliquer la lutte qui s’engagea entre la Montagne et la Gironde.

Lorsque nous voyons les Girondins « répudier la loi agraire », « refuser de reconnaître l’égalité pour principe de la législation républicaine » et « jurer de respecter les propriétés », nous pouvons trouver tout cela un peu trop abstrait. Mais nos formules actuelles, « l’abolition de l’État », ou « l’expropriation », sembleront aussi trop abstraites dans cent ans. Cependant, du temps de la Révolution, ces formules avaient un sens très précis.