Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/448

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commencement d’abolition dans les lois ; que pour en finir avec le régime absolu, il ne suffit pas non plus de détrôner un roi et de planter l’emblème de la République sur les édifices, et son nom sur les en-têtes des paperasses officielles ; que ce n’est qu’un commencement d’exécution, rien que la création des conditions qui permettront peut-être de refondre les institutions. Et ceux qui comprennent ainsi la Révolution sont appuyés par tous ceux qui veulent que la grande masse de la population sorte enfin de l’affreuse misère, noire et abrutissante, dans laquelle l’ancien régime l’avait plongée, et qui cherchent, qui tâchent de découvrir dans les leçons de la Révolution les moyens réels de relever cette masse, physiquement et moralement. Toute une foule de pauvres que la Révolution a fait réfléchir, sont avec eux.

Et en face d’eux, sont les Girondins, — un parti formidable par le nombre. Car les Girondins, ce ne sont pas seulement les deux cents membres groupés autour de Vergniaud, de Brissot et de Roland. C’est une immense partie de la France : presque toute la bourgeoisie aisée ; tous les constitutionnels, que la force des événements a rendus républicains, mais qui craignent la République parce qu’ils craignent la domination des masses. Et derrière eux, prêts à les soutenir, en attendant le moment de les écraser au profit de la royauté, tous ceux qui tremblent pour leurs fortunes, ainsi que pour leurs privilèges d’éducation, tous ceux que la Révolution a frappés et qui soupirent après l’ancien régime.

Au fond, on voit très bien aujourd’hui que non seulement la Plaine, mais les trois quarts des Girondins