Aller au contenu

Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/456

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

obtenir de la Convention qu’on envoie Marat devant le tribunal révolutionnaire. Et six semaines plus tard (le 24 mai), ce sera le tour d’Hebert, le substitut de la Commune, de Varlet, le prédicateur ouvrier socialiste, et d’autres « anarchistes », qu’ils feront arrêter dans l’espoir de les envoyer à l’échafaud. Bref, c’est une campagne en règle pour jeter les Montagnards hors de la Convention, les précipiter de « la roche Tarpeïenne. »

Partout les Girondins organisent des comités contre-révolutionnaires ; continuellement ils font arriver à la Convention une série ininterrompue de pétitions, venant de gens qui se qualifient « amis des lois et de la liberté » — on sait aujourd’hui ce que cela veut dire ! Ils écrivent en provinces des lettres, remplies de fiel, contre la Montagne et surtout contre la population révolutionnaire de Paris. Et pendant que les Conventionnels en mission font l’impossible pour repousser l’invasion et pour soulever le peuple par l’application de mesures égalitaires, les Girondins s’y opposent partout par leurs missives. Ils vont même jusqu’à empêcher de recueillir les renseignements nécessaires sur les biens des émigrés.

Bien avant l’arrestation de Hébert, Brissot mène dans son Patriote français une campagne à mort contre les révolutionnaires. Les Girondins demandent — ils insistent — pour obtenir la dispersion de la Commune révolutionnaire de Paris ; ils vont jusqu’à demander la dissolution de la Convention et l’élection d’une nouvelle assemblée, dans laquelle aucun des anciens membres ne puisse entrer, — et ils nomment enfin la Commission des Douze qui guette le moment pour un coup d’État qui enverrait la Montagne à l’échafaud.