Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/499

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D’ailleurs, la plus grande difficulté de la guerre n’était pas là. Elle était dans les généraux qui, presque tous, appartenaient à la contre-révolution, et le système d’élection des officiers que la Convention venait d’introduire, ne pouvait donner des commandants supérieurs qu’après quelque temps. Pour le moment, les généraux n’inspiraient pas la confiance et, en effet, la trahison de Lafayette était bientôt suivie par celle de Dumouriez.

Michelet eut parfaitement raison de dire que lorsque Dumouriez quittait Paris, quelques jours après l’exécution de Louis XVI, pour revenir à son armée, il avait déjà la trahison dans son cœur. Il avait vu le triomphe de la Montagne, et il avait dû comprendre que l’exécution du roi, c’était une nouvelle phase qui s’ouvrait dans la Révolution. Pour les révolutionnaires, il n’avait que haine, et il devait prévoir que son rêve de ramener la France à la Constitution de 1791, avec un d’Orléans sur le trône, ne pourrait se réaliser qu’avec l’appui des Autrichiens. Dès lors, il doit avoir décidé sa trahison.

À ce moment, Dumouriez était très lié avec les Girondins, intime même avec Gensonné, avec qui il resta en relations jusqu’en avril. Mais il ne rompit pas pour cela avec les Montagnards, qui se méfiaient déjà de lui, — Marat le traitait ouvertement de traître, — mais ne se sentaient pas assez forts pour l’attaquer. On avait tant glorifié les victimes de Valmy et de Jemmapes, le dessous des cartes concernant la retraite des Prussiens