Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/500

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était généralement si peu connus, et les soldats — surtout les régiments de ligne — adoraient tant leur général, que l’attaquer dans ces conditions, c’eût été risquer de se mettre à dos l’armée, que Dumouriez aurait pu faire marcher sur Paris, contre la Révolution. Il fallait donc attendre et surveiller.

Entre-temps, la France entrait en guerre avec l’Angleterre. Dès que la nouvelle de l’exécution de Louis XVI fut reçue à Londres, le gouvernement anglais remit au représentant de la France ses passeports en lui ordonnant de quitter le Royaume-Uni. Mais l’exécution du roi n’était, cela va sans dire, qu’un prétexte pour rompre. On sait, en effet, par Mercy, que le gouvernement anglais n’a pas eu tant de tendresse pour les royalistes français et qu’il n’a jamais voulu les rendre forts par son appui. L’Angleterre jugeait simplement que c’était pour elle le moment de détruire la rivalité maritime de la France, de lui enlever ses colonies et peut-être même quelque grand port ; de l’affaiblir, en tout cas, sur mer, pour longtemps ; et son gouvernement profitait de l’impression produite par l’exécution du roi pour pousser à la guerre.

Malheureusement, les politiciens français ne comprirent pas ce qu’il y avait d’inévitable, au point de vue anglais, dans cette guerre. Non seulement les Girondins — surtout Brissot qui se targuait de connaître l’Angleterre — mais aussi Danton, espéraient toujours que les libéraux, les Whigs, dont une partie s’enthousiasmait pour les idées de liberté, renverseraient Pitt et empêcheraient la guerre. En réalité, toute la nation anglaise se trouva bientôt unie, lorsqu’elle comprit les avantages