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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/501

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mercantiles qu’elle pouvait retirer de la guerre. Il faut dire aussi que les diplomates anglais surent très habilement utiliser les ambitions des hommes d’État français. À Dumouriez, ils faisaient croire qu’il était leur homme, — le seul avec lequel ils pussent traiter ; ils promettaient de l’appuyer pour rétablir la monarchie constitutionnelle. Et à Danton ils faisaient croire que les Whigs pourraient bien revenir au pouvoir, et alors ils feraient la paix avec la France républicaine[1]. En général, ils manœuvrèrent de façon à mettre les torts du côté de la France, lorsque le 1er février la Convention déclara la guerre au Royaume-Uni.

Cette déclaration changeait toute la situation militaire. S’emparer de la Hollande, pour empêcher les Anglais d’y débarquer, devenait d’une absolue nécessité. Or c’est précisément ce que Dumouriez, — soit qu’il ne se crût pas de force à le faire, soit mauvaise volonté, — n’avait pas fait en automne, malgré les insistances de Danton. Il avait pris, en décembre, ses quartiers d’hiver en Belgique, ce qui indisposa évidement les Belges contre les envahisseurs français. Liège était son principal dépôt militaire.

Jusqu’à présent nous ne connaissons pas encore tous les dessous de la trahison de Dumouriez. Mais ce qui est fort probable, c’est que, comme l’a dit Michelet, il avait déjà décidé de trahir, lorsqu’il repartit pour son armée le 26 janvier. Sa marche, fin février, sur la Hollande, quand il s’empara de Breda et de Gertruydenberge, semble avoir été déjà une manœuvre concertée avec les

  1. Albert Sorel, l’Europe et la Révolution française, 3e partie, Paris 1891, liv. II, chap. II, p. 373 et suivantes. — Avenel, l. c.